vendredi 7 octobre 2011

{Fait-main} Vivre de ses créations, c'est possible?

Voici une question qui revient régulièrement chez celles et ceux qui envisagent de faire de leur passion créative une actualité professionnelle.

Apporter une réponse définitive n'est pas chose aisée: tout dépend de ce que l'on entend par "vivre" ;-)
Pour essayer d'y voir plus clair, je vous propose une réponse en trois temps: un retour sur mon expérience, un conseil aux candidates à la création d'un business créatif, puis un florilège de témoignages de créatives entrepreneuses: vous verrez qu'elles ont des avis très divers et qu'au-delà des simples questions monétaires, elles valorisent énormément la liberté dont elles jouissent dans leur activité.

Crédit photo: A creative mint

> Mon expérience de créatrice professionnelle d'accessoire textiles:


Bien sûr, si l'on considère froidement les chiffres, les revenus que je tire, encore actuellement, de mon activité créative d'accessoires textiles sont bien inférieurs à mon ancien salaire de journaliste (dans un hebdomadaire de presse professionnelle basé à Paris). Comme c'est souvent le cas lors d'une création d'entreprise, la première année (2007) s'est soldée par un déficit, la 2ème par un retour à l'équilibre et la 3ème année a enfin vu des bénéfices. Qui, ramenés à ces 3 années de travail acharné, se sont forcément révélés dérisoires! Mais depuis, je ne cesse de développer mon activité (mes activités en fait!) et donc mes revenus, je suis revenue à un rythme de travail plus "détendu". Une situation que j'ai tendance à trouver satisfaisante... Même si, soyons clairs, il m'est encore impossible d'assumer seule la famille!
 
Mais, le choix de créer mon activité fait-main m'a permis de trouver une souplesse d'organisation précieuse avec 3 enfants, un mari au travail prenant, mais aussi de le suivre facilement, de la Savoie aux Pays-Bas, en emportant mon métier avec moi (sachant qu'ici la majorité des conjoints d'expatriés ont au mieux un travail d'appoint ou ont complètement cessé leur activité pour le temps de l'expatriation...). Et puis quel enrichissement! Pas forcément en espèces sonnantes et trébuchantes, mais en liberté, en rencontres, et surtout en compétences: créer son entreprise, quel cursus de formation!
 
Bref, une conclusion paradoxale: si, au sens strict du terme, je ne vis pas (encore) de mes créations, j'ai pourtant l'impression de vivre très bien... voire mieux qu'avant ;-)


> Mon conseil pour les futures créatives entrepreneuses:


 
Commencez par évaluer très précisément la rentrée d'argent mensuelle minimale qu'il vous faut (c'est très variable d'une personne à l'autre, en fonction des autres revenus de la famille, des habitudes de consommation etc...), puis calculez aussi précisément que possible les charges entraînées par chaque création (ce n'est pas forcément évident, mais il faut essayer de tout inclure: matière première, emballage, électricité, impôts et charges sociales, frais de commercialisation, frais paypal, temps de réalisation mais aussi temps de prise de vue, de mise en boutique, de communication, etc...). Fixez des prix adaptés (c'est à dire permettant de faire une marge, y compris dans l'hypothèse où vous vendrez vos créations à des boutiques, qui multiplieront leur prix d'achat par environ 2,5!) et, en fonction de tout ces paramètres, calculez combien de créations il vous faudra vendre chaque mois pour atteindre le niveau de revenu souhaité. Vous verrez tout de suite si vos calculs sont réalistes ou non... 
 

> Les témoignages des autres créatrices:


 
- " Mes revenus sont corrects mais moins importants que dans mon ancienne profession: je fais beaucoup plus d'heures qu'avant mais je suis LIBRE et ce sentiment est merveilleux ! Chez nous, le salaire de Monsieur apporte de la sécurité car la maison et les études des enfants sont à garantir. Je ne suis pas pour autant "un revenu complémentaire": c'est une vraie rentrée, un vrai boulot avec des contraintes sauf que je ne les vis pas comme des contraintes !"
- "Je dirais que je vivrai de mes créations quand les bénéfices seront suffisamment élevés pour équivaloir le prix d'un petit loyer d'une chambre, de la nourriture et charges diverses mensuelles. Si mon activité peut me permettre d'être à l'abri du besoin en cas de malheur, c'est que j'en vis."
- "Vivre de ses créations c'est aussi améliorer sa qualité de vie sur le plan personnel et humain: la liberté est précieuse, on fait des rencontres intéressantes et surtout on a la satisfaction de proposer aux autres quelque chose qui nous ressemble. Pour moi, vivre de mes créations sera de faire à la fois un métier que j'aime sans l'angoisse du lendemain."
- "Pour vivre de mes créations, il me faudrait minimum 1500€ de bénéfice net/mois... J'en suis très très loin !"
- "Mon entreprise n'a pas encore 1 an, mais tous les investissements sont compensés par les ventes, j'arrive à dégager des bénéfices, de quoi faire un complément à celui de mon mari. Vu les charges que nous avons et l'objectif fixé au départ, mon mari et moi sommes assez satisfaits du résultat. Avoir une activité "à la maison" nous a fait économiser sur certains points (frais liés à la garde des enfants, frais de route) et nos besoins ne sont plus aussi gourmands qu'avant. Nous avons opté pour "la qualité de vie" !"
- " Je vivrai de mes créations lorsque je pourrai me dégager ne serait-ce que 800€ par mois net. Cela risque de prendre plus de temps que prévu. En revanche, personne pour me casser les pieds, je suis libre et ça, c'est un vrai luxe! Mes ados me disent être fiers de ma réussite professionnelle, chose qu'ils ne m'avaient jamais dite lorsque j'avais des jobs à responsabilité très bien payés!"
- "Le fait d'ouvrir "sa boîte" est super enrichissant. J'ai appris à faire des comptes, gérer des stocks, j'apprends quotidiennement à faire du "commercial"....j'aime ce que je fais, je suis fière de moi, mes enfants et mon mari aussi. Je suis soutenue par les miens dans cette aventure, alors certes, je n'ai plus le même salaire, mais je suis beaucoup plus riche qu'avant !"
- " Revenus en hausse certaine mais insuffisants, contentement de soi culminant, moral en béton armé, enfants contents d'avoir leur mère à 16h30, banquier à la mine chiffonnée, mais :))))))))))"
- " Mon activité n'a pas encore 6 mois, je ne dégage pas de bénéfices. Le but pour moi, c'est qu'à la fin de mon congé parental (dans un an....), je réussisse à dégager un bénéfice suffisant pour compenser l'allocation que je ne toucherai plus : minimum 300€ par mois donc. J'ai fait ce choix parce qu'avec 3 enfants encore pas très grands, le montant des frais est exorbitant en travaillant à temps plein, parce que je n'ai pas de mode de garde lorsqu'ils sont malades ou lorsque les instituteurs sont en grève, et juste pour profiter des moments importants avec eux et pouvoir organiser mon temps à ma guise en fonction de ça."
- " A la question "Est-ce que j'en vis ?" je réponds OUI et plutôt 2 fois qu'une ! Les sentiments de liberté, de responsabilité, de fierté et de reconnaissance n'ont jamais été aussi forts. J'ai effectivement l'immense chance d'avoir un cher et tendre qui assure derrière, mais c'est un choix aussi."
- "Les incertitudes du début, ont peu à peu fait place à la confiance, à la fierté, à l'épanouissement ! Inestimable cette LIBERTE (dans la façon de travailler et dans la façon de gérer vie perso)"
- "Pour moi, vivre de mes créations serait de pouvoir me consacrer à temps plein à ma création de bijoux. Pour pouvoir en vivre, je souhaiterais avoir au moins le même salaire que je perçois actuellement pour mon travail (soit 1100€). Pour le moment, j'en suis à environ 350€ de revenus mensuels."
- "Pour ma part, il faudrait que j'atteigne un minimum de 600€ mensuels de bénéfices pour pouvoir dire que je "vis" de mon activité et c'est loin d'être le cas!"
- "Aujourd'hui les ventes ne me permettent pas de vivre de mon activité. La question se pose : ce manque de recettes est-il lié au produit ? Est-il lié à un problème de communication ? Est-il lié au démarrage de l'activité ou est-ce tout simplement la réalité des créatrices aujourd'hui ?"

Et vous, qu'en dites-vous? 

11 commentaires:

  1. Je retrouve bien des traits communs dans ce billet ... mais avec de la rigueur, de l’énergie et du professionnalisme, le petit projet peut très vite devenir la réalisation d'une vie ! Je sais de quoi je parle :)

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    1. Exactement! Merci de ta visite, Marie Anh et bravo pour ton travail et pour ton blog, toujours intéressant! Je conseille en particulier à celles qui souhaitent se lancer de lire ton article intitulé "Précisions et erratums": http://mulot-bricole3.blogspot.com/

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  2. Ce billet arrive à point nommé pour moi car j'hésite encore à sauter le pas ! Je suis sûre que cela va m'aider à me poser les bonnes questions et surtout, à trouver les réponses...

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    1. Bonjour Audrey, les bonnes questions sont (pour partie) dans l'article... les réponses, elles, sont à chercher en vous et autour de vous ;-)

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  3. Moi aussi je me retrouve dans ce que tu dis... bientôt 3 ans d'auto-entreprise et je récolte enfin les fruits de mon travail : 5 boutiques ont pris mes bijoux en dépot-vente, j'ai plein de clientes fidèles qui font appel à moi pour des cadeaux....même si c'est dur des fois je ne regrette rien, je m'éclate et c'est un vrai luxe !!!
    biz rennaises

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    1. Bravo Musa, la persévérance et le travail mais aussi le plaisir sont essentiels pour y arriver!

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  4. Malgré les difficultés diverses et les moments de doute, j'apprécie vraiment la liberté, la souplesse que me procure mon activité, surtout avec 3 enfants et un conjoint souvent absent pour le boulot. De toute façon quand j'étais salariée, la pression était telle que j'ai fait un burn-out! Alors, pas de regrets, mais du plaisir chaque jour!

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    1. Cela change tout de travailler dans le domaine que l'on aime ;-)

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  5. Bonjour Sandrine, merci pour cet article!
    Je crois que dans le fond, oui c'est possible même si ce n'est pas facile, et que ça prend du temps. Mais que finalement, ça en vaut la peine!
    Il semble nécessaire depersévérer, d'accepter que ça risque d'être long et d'occasionner beaucoup de remises en question et de travail!

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  6. Ma date butoir est la fin du versement de mes ARE par pole emploi. En fonction de la situation j'envisage soit d'arrêter mon activité soit de chercher un emploi à mi temps... Il faudra faire le bilan à ce moment là...
    Néanmoins ce que m'apporte cette aventure est incomparable à tous les postes que j'ai pu occuper...Je reste persuader que ce sera un atout sur un CV même si c'est un échec. J'ai envie d'y croire alors je fonce... Merci Sandrine pour ce partage du jour. La bise Emilie

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    1. Merci pour ta lecture et ton commentaire Emilie. D'ici là, si tes revenus ont du mal à décoller, n'attends pas pour analyser la situation et prendre des mesures correctives pour faire progresser ton activité. Et même si effectivement tu décides finalement d'arrêter et de reprendre un emploi salarié, ce ne sera pas un échec car tu auras beaucoup appris de cette expérience. A bientôt !

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